Interview Marion Germain : Associée opérationnelle chez AQUA PANDA

Interview Marion Germain : Associée opérationnelle chez AQUA PANDA

Création ou rachat ? Après des années dans le salariat, Marion Germain, diplômée de 2000, gagne en compétences et en posture pour devenir consultante en création d’entreprise. Vingt ans après le master, elle décide de se jeter à l’eau à son tour. Non pas pour créer mais reprendre une entreprise de service de nettoyage. Elle nous explique pourquoi avoir fait ce choix et comment cela se passe.

 

Bonjour Marion ! Peux-tu te présenter, pourquoi avoir choisi le master EDEN (ex “MPMO”) ?

Bonjour Clémentine !

A l’époque, j’étais très investie dans l’associatif et c’est pourquoi je me suis dirigée vers ce master. Les cours me paraissaient génériques et très orientés vers la gestion d’entreprise, ce qui collait parfaitement à mon ambition à moyen terme de monter une entreprise.

 

Et qu’est-ce que tu as fait juste après le master ?

A l’époque, le master était davantage orienté vers le consulting, j’ai donc réalisé mon stage de fin d’étude à Deloitte, mais je me suis très vite réorientée dans l'événementiel en tant que chef de projet à GL Event. Le master EDEN (ex-MPMO), m’a donc bien aidé à la gestion des budgets, des sponsors, des participants, de la logistique,...

Après un voyage de 6 mois en Irlande, j’ai intégré le métier de commercial dans une entreprise de vente d’imprimante, au début de l’ère du numérique. Cette expérience a été une super école dans la compréhension des enjeux des différentes entreprises clientes, tout comme la nôtre. Par la suite, j’ai évolué en interne pour devenir formatrice en commercial, métier que j’ai également pratiqué dans une autre entreprise. Une expérience riche pour le développement de mes connaissances en commerce et en gestion mais aussi de mes compétences humaines.

 

Comment en es-tu venue à racheter une entreprise ?

D'abord, j’ai accompagné mon mari dans le rachat de son entreprise de nettoyage, surtout pour la gestion des ressources humaines, puisqu’on parle d’un service. J’ai par la suite quitté le salariat pour devenir consultante pendant 10 ans, surtout dans le domaine des services de nettoyage où la composante RH est très importante.

Puis j’ai accompagné de jeunes entrepreneurs de profil ingénieur au sein de différents incubateurs et accélérateurs d’école. J’ai beaucoup aimé ces profils techniques pour les aider à formuler leur point de vue de manière moins abstraite de façon à se diriger vers la commercialisation.

Cela faisait donc dix ans que je baignais dans l’entrepreneuriat, mais pour autant j’ai été piquée par le syndrome de l’imposteur : je ne me sentais toujours pas légitime d’entreprendre moi même !

Et un jour, j’ai entendu parler d’une opportunité de rachat d’entreprise… dans le service de nettoyage !

 

Pourquoi une reprise d’entreprise plutôt que la création ?

Il y a tellement de sociétés qui sont créées et qui ne sont pas rachetées, surtout dans les secteurs de niches qui ne sont pas très sexy ! Il est donc important de pouvoir assurer la continuité de ces structures et métiers riches en expérience.

Aussi, le rachat, c’est une excellente opportunité lorsqu’on souhaite entreprendre mais qu’on ne peut pas se permettre un creux dans nos revenus, surtout lorsqu’on a des enfants par exemple. Le modèle économique de l’entreprise est déjà validé et l’entreprise est en vitesse de croisière. Il faut également penser qu’une banque prêtera plus facilement de l’argent pour une reprise qu’une création, question d’existant !

 

Comment se passe un rachat ?

Nous étions trois acheteurs, nous avons donc monté une holding pour racheter l'entreprise. La holding nous permettait de répondre à trois enjeux stratégiques :

  • contractualiser la relation entre les associés

  • garder la société rachetée

  • éviter de renégocier les contrats, clients comme salariés.

La passation se fait grâce à un expert comptable, envers qui on a une grande confiance. Outre les questions et clauses juridiques, il peut être intéressant de coupler un crédit bancaire avec un crédit vendeur, où vous versez une somme mensuelle à l’ancien gérant durant une durée limitée.

Pour ce qui est du management, il n’est pas toujours évident de reprendre une entreprise. Mon meilleur conseil est de communiquer sur la vision et le sens que l’on souhaite donner à l’entreprise. Par exemple, réinsérer des personnes qui sont en accident de vie ou issues de l’imigration.

 

Est-ce qu’un jeune peut s’atteler à un rachat ? Ou davantage à une création ?

Il est évident qu’il faut connaître le secteur, ou du moins savoir l’appréhender. L’avantage de la reprise, c’est qu’on a tout de suite une situation financière souvent plus stable qu’en création… et les banques suivent davantage !

Mais quand on est jeune, malgré le manque d’expérience c’est finalement là où l’on n’a moins de besoins financiers !

 

Un conseil pour se lancer ?

Dans tous les cas, je suis convaincue qu’il faut donner du sens à ce que l’on fait et connaître la place qu’on souhaite donner à ce projet dans notre vie personnelle.

Aussi, tout est une question de profil, certains sont faits pour se lancer “seuls” alors que d’autres vont avoir besoin d’associés. La clé de la réussite va alors reposer sur la complémentarité des personnalités attachées au projet.

Last but not least : dans tous les cas, parlez de votre projet en allant à la rencontre des autres ! Le réseau, c’est une richesse.

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